Certains diront qu’elle est maladroite, d’autres malchanceuses. Qu’elle mérite, qu’elle s’attire le mauvais œil ou au contraire qu’il ne fait pas confondre hasard et destin. Mais si tous pensent avoir leur mot à dire, la vérité est simple : Lilo n’est pas forcément une bonne personne, et elle en paie souvent le prix. Du moins, le karma lui rappelle souvent qu’il faut savoir trouver un équilibre. A la base, Lilo, c’est le genre de personne qui se vante d’avoir une vie incroyable, digne des meilleures influenceuses insta, des destins les plus adulés, des biographies en rupture de stock. La vérité c’est que son histoire n’est pas aussi rose qu’elle le prétend, qu’il y a forcément quelques zones d’ombre, des souffrances, des drames et des joies trop intimes pour être révélées. C’est une femme comme les autres, qui cherche à se hisser dans le beau monde quitte à mentir et enjoliver. La vérité ? Elle n’a rien de plus exceptionnel que les autres…
Sa mère aime à dire qu’on peu lire l’histoire de sa fille comme celle des arbres : en découvrant les quelques marques sur sa peau, en écoutant les histoires de ses bobos semées au gré du temps et des aventures. La mémoire du corps serait alors la plus importante. Pfff… pure superstition. Même si cela la force à craindre les puissances des cieux. Elle croit au karma, parce que celui-ci à très souvent été cocasse ou cruel à son encontre ! Presque à chaque moment important de sa vie, qu’il soit joyeux ou non, le sort à frapper. Une multitude de petites écorchures qui ont forgés sa vie comme son caractère et qui ne manqueront pas de marquer aussi son futur.
1995 ; Première semaine au jardin d’enfantsL’école, une calamité. D’autant plus quand on est une enfant qui pour la plupart du temps, a vécu un pied dans un village authentique et avec une mère terriblement restrictive concernant la technologie, aux temps « modernes ». Si a l’époque encore, elles vivaient toutes les deux non loin de la ville dans une petite maison modeste, cela n’empêchait pas Lilo d’être privée d’une certaine liberté et des divertissements communes aux autres gamins du quartier. L’école pour elle, au départ c’était la certitude de pouvoir s’amuser, jouer, conquérir. Faire comme les autres enfants, en somme, et avoir des amis. Mais quand sa différence fut soulignée par les autres gosses et qu’apprendre ou rester sage devinrent des corvées inintéressantes, Lilo a pris le parti de se défendre. Son père le lui avait toujours dit : Il ne faut frapper qu’une fois, mais là où l’autre ne se relèvera pas. Si aujourd’hui elle utilise ses mots, à l’époque c’était une autre histoire… Résultat, une bagarre de cours de récré, un œil au beurre noir et une dent cassée. Mais un sacré sourire (avec un trou donc…) sur la photo de début d’année !
1997 ; Amitié avec GabrielCela n’a pas été le coup de foudre immédiat, avec Gabriel. Ensemble depuis le jardin d’enfants, c’est seulement deux ans plus tard, à l’occasion d’une soirée pyjama chez le garçon pour son anniversaire, que Lilo a découvert chez lui un secret qui l’a englué à sa personne. A vrai dire, elle n’était pas enchantée d’y aller, jusqu’à présent il n’avait jamais trop attiré son regard… C’était seulement pour faire « comme les autres », et pouvoir enfin faire une vraie fête d’anniversaire que Lilo était arrivée chez lui avec le sourire et son sac à dos bourré de sucreries cachées. Ils étaient finalement peu nombreux, les gamins à rester pour la nuit. Alors après une soirée faites de créatures et aventures imaginaires, ils se sont tous effondrés comme des masses. Lilo fut la seule à se réveiller quand Gabriel s’est relevé lui aussi, avec un drôle de comportement… sans comprendre qu’il dormait les yeux ouverts. Elle n’a pas eu peur, la naïveté des enfants sans doute. Et ce, malgré un excès de violence non maitriser quand en voulant le tirer pour retourner dormir, le petit garçon l’aura pousser vers les marches, sans le savoir. La dégringolade brisa net le bras de Lilo. Il n’y eut pourtant pas de traumatisme, pas de rejet au contraire. Quand on lui expliqua que Gabriel était somnambule, elle l’accepta. Au grand damne du garçon, qui fut forcé de supporter la gauchère au bras cassé les jours suivants, puis les mois, et les années…
Se fut sans doute la seule fois où le sort offrit une telle bénédiction à Lilo, qui n’a jamais prit le temps de voir ça comme telle.
1999 ; Arrivée au villageLilo a toujours assimilé son déménagement à Kamilo Nui Valley comme une véritable malédiction. Il y avait pourtant là sa grand-mère, Akela, et nombreuses étaient les personnes qu’elle y connaissait déjà. Mais sa vie lui fut arrachée à compter de ce moment-là. Le départ en catastrophe de la maison d’avant, les larmes de sa mère, sa colère aussi… et sa haine envers papa… Lilo en garde une émotion aujourd’hui froide et pourtant assez douloureuse encore. Brûlante… comme la glace. Et puis, il y avait ce qu’elle avait découvert. L’autre enfant, l’autre femme. C’était elle, Lilo, à l’origine de la rupture de ses parents et du malheur de sa mère. Elle aussi, qui devait porter la honte d’être un secret ou de subir le poids d’une réalité avilissante et amer. La responsabilité de cette fuite aussi, comme du renfermement dans ce village trop peu respirable pour elle. C’était là sa punition, pour avoir surpris son père et rapporté cela à sa maman. Trop bavarde, trop colérique, trop spontanée… voila qu’elle le payait. Longtemps, Lilo a gardé le silence. Il n’y avait qu’à Gabriel qu’elle pouvait parler de vive voix, les autres pouvaient bien essayer, ils se heurtaient à un mur de mutisme effroyable. Après tout, comment pouvait-elle se pardonner ? Ou pardonner à son père, à sa mère, au monde … ou aux dieux ?
Pour preuve de sa culpabilité dans l’affaire, le jour du déménagement fut lui aussi marqué de malchance. En trébuchant, elle heurta un carton et se déchira la cornée dessus. Bienvenue à Kamilo Nui Valley…
2001 ; Perte de makuahine AkelaSa grand-mère mine de rien, eu peut-être plus d’importance encore que sa mère elle-même. C’est makuahine Akela qui réussit petit à petit à dénouer la voix de Lilo, à force de patience et de douceur, à la faire parler un peu aux adultes. A la rassurer aussi, quant à sa culpabilité et à lui rendre une part d’elle-même, volée par la découverte de l’infidélité de son père. Alors quand l’âge lui prit ses dernières forces, il fut très difficile à Lilo de lui dire au revoir. Dans ce malheur, il y eut pourtant de la joie et de l’amour, la chance qu’Akela puisse garder quelques-unes de ses forces pour s’entourer de sa famille. Et que dire de son dernier fou-rire ? Il fut magistral, quand en organisant une partie de Scrabble et ramassant une lettre tombée par terre, Lilo fut l’innocente victime d’une lombalgie aigüe… La jeunesse et la robustesse dans toute sa splendeur.
2006 ; Premier rencard C’est très probablement à compter de ce moment-là que Lilo comprit que quelque chose n’allait pas. Ou du moins, que les forces supérieures dont lui avait toujours parlé sa mère existaient probablement pour lui jouer des tours… Parce que d’accord, la période était stressante, avec les études ou la pression qu’elle se mettait déjà à l’époque pour briller socialement et entamer assez vite sa recherche de gloire et de perfection. Mais là, à ce stade, c’était réellement la poisse. Et ce paradoxalement, alors que la chance lui avait souri en lui permettant d’être remarquée par ce type ultra populaire et immensément canon. Qu’il était beau, un dieu ! Dire qu’il lui avait tapé dans l’œil n’est pas un euphémisme puisqu’il l’avait littéralement fait, à l’aide d’un ballon de foot. Et après quelques approches à pleurer, il avait fini par l’inviter. Au restaurant Chinois. Et on ne sait pas encore aujourd’hui si c’est le fait que deux de ses « amies » de l’époque les espionnaient à une table voisine et très discrètement derrière un ficus en plastique et un éventail de cartes. Ou parce que le type lui a roulé sa première pelle après avoir engloutit une salade aux oignons mais elle a trouvé le moyen de se blesser à l'auriculaire de la main droite en manipulant les baguettes. Qu’elle a en sainte horreur depuis.
2010 ; Premier gros contrat En comparaison de ses contrats de maintenant, il s’agissait d’une toute petite chose ! D’une simple petite cérémonie en bord de plage, rien de luxueux, rien de trop grandiloquant ou clinquant… Mais c’était son tout premier ! Et comme toutes les premières fois, celle-ci garde des couleurs et des émotions bien à elle. Surtout que Lilo c’était débrouillée pour doubler les prix et se prendre une marge exceptionnelle. Une première « arnaque », bien que la sueur semée à tant fournir d’efforts pour que ce mariage soit une réussite n’avaient pas été feint, bien au contraire ! Pourtant sa bonne volonté ne compensa pas son instinct vénal, et ainsi pendant la cérémonie s’était-elle mise à éternuer. Deux fois, trois… puis plus, très violemment. Les spasmes la secouèrent tellement que certains muscles de son dos se froissèrent… pour rendre la journée insupportable.
2014 ; Premier fiancé Pour cette fois-là, il faut dire que le Karma y a été très fort. Son premier fiancé, Lilo l’a travaillé longtemps… avec fermeté et abnégation, une jolie toile tissée pour qu’il lui cède enfin au point de parler très sérieusement de vie à deux. Alors quand en suivant l’euphorie d’un début de relation tout mignon tout fluffy, il l’a invité au domaine familial pour une partie de tennis avec papa et maman, Lilo n’a pas hésité une seconde à se prétendre fan de la raquette. Ils étaient friqués, c’était un excellent parti, cela valait bien une semaine d’entrainement intensif pour arriver à un niveau plus ou moins correcte. Prête à tout pour décrocher la bague et le contrat de mariage ? Evidemment. Impressionner les parents, c’était la certitude d’aller à l’étape suivante… Mais à peine les premières minutes s’étaient-elles écoulées, qu’en voulant frimer Lilo c’est violemment envoyée la raquette contre le haut du crâne... pour se l’ouvrir ! Sept points de sutures.
Malheureusement pour son fiancé, l’épisode tennis ne l’aura pas poussé à la rupture.
2015 ; « Achat » de la maison A peine la maison achetée et fraîchement retapée, à peine les papiers signés, que Lilo larguait son fiancé pour un autre. Et lui qui accessoirement était le donateur exclusif concernant cet achat c’est donc retrouvé avec un cœur brisé et une sacrée somme en moins sur son compte en banque, sans aucun recours possible. C’était qu’elle avait bien joué son coup, la Lilo. Du début à la fin et sans aucun scrupule. Elle a donc très rapidement fait ses cartons pour quitter l’appartement trop petit pour elle qui l’abritait jusqu’alors, a embarqué ses cliques, ses claques et son Gabriel pour s’en aller vivre dans un « palace ». Pas encore à sa mesure, mais c’était là un très bon début ! Mais ce premier soir-là, en ouvrant la porte de mon micro-onde pour inspecter des œufs qui venaient de cuire, l'une des coquilles lui explosa au visage. Il va sans dire que les brûlures en écaille qu’elle afficha les deux semaines suivantes lui donnèrent un peu d’humilité envers les dieux, qu’elle n’avait jamais encore vraiment eut la jugeote de cultiver auparavant.
Depuis ces dernières années, il semblerait que Lilo soit parvenu à un équilibre qui lui permet de vivre comme elle l’entends, tout en évitant les drames. Mais elle lève toujours un regard vers les cieux quand elle dépasse les bornes, non sans jurer entre ses dents parce que cette stupide superstition là reste parfaitement ridicule. C’est plus fort qu’elle cependant, et ça la sauve sans doute ! Jusqu’à ce qu’elle dépasse encore les bornes. Parce que Lilo, elle les dépasse toujours. Née pour régner, non ?